Cet article a été écrit par Dominique Bardoux, le 14/01/2019
Le Comité Indépendant d’Évaluation des 80 km/h (CIE) créé par l’association 40 millions d’automobilistes vient de rendre publique une étude portant sur les impacts de la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h. Selon cette étude, la perte de 300 millions d’heures induite par la diminution de 4 km/h de la vitesse moyenne aura un coût de 4,4 Mds€ par an. D’autre part, toujours selon le CIE, moins d’une centaine de décès sont susceptibles d’être évités annuellement sur le réseau à 80 km/h, ce qui équivaut par convention de calcul à 600 M€. Le coût final net de la mesure avoisinerait ainsi les 3,8 Mds€/an, compte non tenu des surcoûts liés par exemple aux multiples modifications de la signalisation routière, également à la charge des contribuables.
La Délégation à la Sécurité Routière a immédiatement réagi pour démentir catégoriquement ces analyses et ces chiffres, rappelant que le Comité Indépendant d’Évaluation ne compte aucun accidentologue parmi ses membres. Ne prenant en compte que le coût de l’installation des nouveaux panneaux, elle rappelle que la mise en place de l’abaissement de la vitesse « n’a absolument pas coûté 3,8 milliards d’euros, mais 10 millions ». La DSR précise que l’évaluation de cette mesure est confiée au CEREMA, avec la participation de l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR), organisme « labellisé pour son indépendance par l’autorité de la statistique publique » qui publiera une première série de résultats fin janvier.
Or, selon le site www.securite-routiere.gouv.fr, l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR) est directement placé auprès du Délégué interministériel à la Sécurité Routière dont les services ont été rattachés au ministère de l’Intérieur en 2012. Rien d’étonnant donc à ce que, selon cette fois l’Annuaire de l’administration, l’ONISR soit logé Place Beauvau, autrement dit… au Ministère de l’Intérieur.
Bien qu’affirmé indépendant, l’ONISR a profité du même communiqué protestataire de la DSR pour rappeler que le baromètre mensuel de l’accidentalité routière sur lequel le Comité Indépendant d’Évaluation des 80 km/h fonde ses calculs « repose sur des données très parcellaires fournies par les forces de l’ordre dépêchées sur l’accident. C’est seulement après l’analyse minutieuse de ces accidents entrée dans un fichier dit « BAAC » qu’il est possible d’en avoir une connaissance suffisamment fine ». Étonnant : c’est habituellement sur la base de ce baromètre mensuel que la Sécurité routière clame sa satisfaction du système de contrôle sanction-automatisé ou de toute autre forme de répression lorsque le nombre de morts diminue…
Site web : http://www.securite-routiere.gouv.fr/la-securite-routiere/l-observatoire-national-interministeriel-de-la-securite-routiere